On a cherché à se rappeler les origines du mastodonte ATOS (110 000 p., 11 milliards d’euros de CA), aujourd’hui très mal en point, à la différence de ses concurrents. C’est un conglomérat forgé principalement par deux branches françaises historiques.
La première branche – la principale – vient de SLIGOS (le OS d’ATOS) créée en 1972 par fusion de deux sociétés d’informatiques bancaire, la CEGOS et SLIGA (Crédit Lyonnais), créées dans les années 1960. Parallèlement, AXIME naît en 1991 de la fusion de diverses sociétés créées dans les années 1970. En 1997, AXIME et SLIGOS fusionnent en ATOS.
La deuxième branche est plus intéressante historiquement. Elle prend sa source avec la Sema (Société d'économie et de mathématiques appliquées, créée en 1958 par deux polytechniciens et un normalien : Jacques Lesourne, Marcel Loichot et Robert Lattès), applications d’informatique industrielle. Devenue Sema-Metra, puis Sema Group. Cette société performante est achetée en 2001 pour 5 MM € (somme très importante à l’époque) par Schlumberger ; la fusion est catastrophique, et Schlumberger revend Sema Group à ATOS en 2004 pour 1,4 MM €.
Une troisième branche, non française – d’origine néerlandaise – est à signaler : c’est le rachat par ATOS en 2000 d’Origin (NL), où existait une forte participation de Philips. Le groupe s’appelle ATOS ORIGIN, avant de reprendre le nom d’ATOS en 2011. Autre acquisition européenne d’ATOS : Siemens IT Solutions and Services en 2010 (ATOS est alors comparée à « l’Airbus des services informatiques »).
En 2014, ATOS rachète l’industriel Bull pour la sommé de 620 M €. En 2017, elle entre au CAC40.
L’année 2021 est « l’année noire » (Wikipédia), due à la croissance forcée, avant une découpe et une vente par appartements. Nous n’irons pas plus avant sur cette période.
Siège social d’Atos, à Bezons s/ Seine (95) (WikiCommons auteur unicocorn)
Dirigeants à signaler :
─ Jacques Lesourne (X-Mines 48), président de SEMA, de la création 1958 à 1975 – avant de donner une composante académique à sa carrière ;
─ Pierre Bonelli (X59), président de Sema Group de 1982 jusqu’à son rachat par Schlumberger en 2001 ; un patron efficace et très réputé à l’époque ; il prend la tête de Bull en 2002, la redresse mais meurt prématurément en 2004, à 64 ans ;
─ Philippe Germond (centralien), patron d’ATOS 2007-2008, carrière très papillonnante, DG SFR, puis DG d’Alcatel, puis président du directoire d’Atos ;
─ Thierry Breton (SupElec), patron d’Atos 2009-2019, après avoir été DG de Bull 1993-1997, PDG de Thomson Multimedia 1997-2002, PDG de France-Télécom 2002-2005 (lui succède Didier Lombard, lorsque Breton entre au gouvernement), ministre de l’Économie 2005-2007, puis ATOS. Politique d’acquisition importante, qui double le personnel du groupe de 55 000 à 110 000 p. Puis nommé par Macron à la Commission européenne en 2019 ;
─ En octobre 2020, l'ancien Premier Ministre Édouard Philippe est élu au CA d’Atos, qu'il quitte en mai 2023 ;
─ PDG et DGs d’ATOS depuis 2019 : Elie Girard (2019- oct. 2021) (un des Breton’s boys) ; Rodolphe Belmer (oct. 2021 – juillet 2022) ; Nourdine Bihmane (juillet 2022-oct. 2023) ; Yves Bernaert (depuis oct. 2023) ; pour les présidents du Conseil : Bertrand Meunier (X77, de 2019 à oct. 2023, banquier BNP), puis Jean-Pierre Mustier (X81), depuis oct. 2023, ex-banquier lui aussi ;
─ À signaler qu’en octobre 2023, une administratrice indépendante, Caroline Ruellan, démissionne ;
─ À suivre, puisque le groupe ATOS est en cours de démantèlement au détriment de ses salariés, et au profit de ses banquiers créanciers et de Daniel Kretinsky, qui pourrait récupérer de nombreuses activités.