
Le portail de l’Internet scientifique www.science.gouv.fr ouvre une nouvelle rubrique consacrée aux bibliothèques numériques scientifiques (cliquez dans la colonne de gauche). Le principe adopté est de recenser les bibliothèques numériques exclusivement consacrées à la science. L’idée est de faire connaître ainsi aux 140 000 visiteurs/mois de science.gouv.fr (soit un peu moins de 5 000 visiteurs/jour) les efforts de numérisation et de mise en ligne du patrimoine scientifique – souvent mal connus – faits par les instituts culturels, bibliothèques universitaires, équipes universitaires ou de recherche,…Dans ce dernier cas (équipes), il s’agit parfois d’initiatives non institutionnelles, d’un ou plusieurs chercheurs ou chargés de cours mettant en ligne des ressources scientifiques patrimoniales sur lesquelles il travaille.
La valorisation (on pourrait aussi dire la vulgarisation) en faveur d’un public ciblé a priori intéressé à la science, de ces initiatives décentralisées, s’inscrit dans le mouvement croissant d’un Internet " vernaculaire ", centré sur des communautés d’intérêt, à distinguer de projets plus centralisés comme celui de " Très Grande Bibliothèque numérique ". N’hésitez pas à nous faire connaître ici, en commentaires, votre avis sur cette initiative, ou toute bibliothèque numérique scientifique que vous souhaiteriez faire inscrire.
(certaines bibliothèques déjà répertoriées dans ce blog, comme Flaubert- Unversité de Rouen ou Euler - Université de Strasbourg dont partie du premier recensement du portail science.gouv.fr)
J’ai participé à une partie de la conférence consacrée à HAL-SHS (archives ouvertes en sciences humaines et sociales) jeudi 18 janvier à l'EHESS (voir aussi site de dépôt HAL-SHS). Visiblement le débat reste ouvert, certains chercheurs en SHS semblant plus réticents que leurs collègues de sciences exactes sur l’intérêt des archives ouvertes, leurs interrogations portant principalement sur la qualité des " pré-print " par rapport aux articles effectivement publiés dans une revue (internet ou papier). En ce qui me concerne, intéressé au sujet et auteur sur HAL-SHS, je retiens quelques idées simples de la conférence de Daniel Charnay, directeur d’unité HAL au CNRS : Ce dernier point est important : il n’y pas d’utilisation frauduleuse possible, on ne peut modifier a posteriori un article en changeant les hypothèses, etc. En revanche, la possibilité de mettre des versions successives existe (je suppose que ces versions sont référencées sur la même page de HAL). Non seulement le chercheur peut mettre plusieurs versions successives, mais – peut-être n’a-t-il pas été suffisamment insisté là-dessus –, il le doit, ardente obligation vis-à-vis de ses collègues. Ceci serait d’ailleurs un élément de réponse aux objections soulevées en introduction. (voir aussi mon post antérieur sur l’inauguration HAL du 11 octobre à l’Académie des Sciences)
Comme le Figaro du jeudi 11 janvier (sous la plume de Marie-Laetitia Bonavita) nous l'apprend, "Google signe un accord avec cinq bibliothèque catalanes".
Nous avons pu retrouver le communiqué originel (en catalan) sur le site de la Bibliothèque nationale de Catalogne, à Barcelone. Avec quatre autres bibliothèques catalanes de Barcelone, de moindre envergure, il s'agit de numériser quelques centaines de milliers de livres dans le cadre du projet "Google Library", afin que les contenus soient indexés dans Google Book Search (et non de centaines de milliards (sic) d'oeuvres comme l'écrit Le Figaro- toujours cette course aux grands nombres qui se fait au détriment du bon sens et parfois de l'efficacité).
C'est ainsi la deuxième bibliothèque hispanophone de grande envergure, après la Complutense de l'Université de Madrid (notre post de fin septembre 2006) à s'allier à Google.
Pour plus de clarté, nous signalerons que c'est une troisième bibliothèque, la Biblioteca nacional de España à Madrid (site) qui elle est engagée dans le projet BnUE- Europeana- EDL (European Digital Library)- The European Library.
La langue espagnole et la langue française sont sans doute les deux langues qui ont le plus besoin d'être présentes au niveau mondial sur Internet, et leurs patrimoines mis en valeur. La stratégie et la façon dont nos voisins espagnols avancent (rapidement) ne peut manquer de nous interpeller.
Rajoût du 12 février 2007: Comme nous n'avons pas l'intention d'ouvrir un post à chaque fois que Google annonce un partenariat dans son programme Google Library, nous mentionnons ici que depuis l'annonce ci-dessus, l'Université du Texas et l'Université de Pinceton ont rejoint le projet Google (cf. communiqué Princeton pour 1 million de livres sur six ans).
Suite à une lettre de Philippe Gautrot au courrier des lecteurs du journal Le Monde (nous n'avons pu en retrouver la date car visiblement les archives du journal ne comprennent pas le courrier des lecteurs), nous avons investigué le site suivant, pages historiques de l'Astrophysic Data Systems, unité documentaire de la NASA hébergée par l'université de Harvard, qui comprend par ailleurs les articles scientifiques les plus actuels en astrophysique.
Comme le souligne Ph. Gautrot, on trouve plusieurs publications francophones importantes d'astronomie du XIX° ou du XX° siècle (numérisation mode image faites à partir de microfilms de l'université Harvard):
La Bibliothèque nationale du Luxembourg (BnL) a annoncé diverses initiatives numériques (article du Tageblatt du 7 décembre accessible après inscription); nous sommes allés voir les différents portails pour les décrire pour vous ici.
Le premier www.portail.bnu.lu est un méta-portail donnant accès à huit portails de revues scientifiques: par exemple les portails JSTOR, ScienceDirect d'Elsevier, Springer...S'agissant d'abonnements payants pris par la BnL auprès des grands groupes d'édition scientifique, on ne peut accéder à la plupart d'entre eux que losrqu'on est dans les locaux de la BnL, mais aussi en rentrant son numéro de carte de lecteur BnL (d'où la mise sur Internet du portail, car sinon cela n'aurait aucun intérêt). Cette possibilité est à ma connaissance unique en Europe, et je ne crois pas qu'une telle possibilité existe en France. Dommage que nous n'ayons pas de carte de lecteur de la BnL! Ce portail relève donc plus de l'édition scientifique (notre rubrique) que des bibliothèques numériques pour tous.
Le deuxième www.luxemburgensia.bnu.lu correspond, lui, à une première esquisse de bibliothèque numérique, avec trois types de documents:
1) livres imprimés (ce qui a été numérisé n'a pour l'instant pas grand intérêt)
2) cartes postales anciennes du Luxembourg. A signaler que la collection numérique de cartes postales est présentée en basse résolution, images non cliquables. Pour y accéder, il faut être sur un ordinateur dans le site physique de la BnL. C'est à ma connaissance la première restriction sur un contenu destiné à rejoindre la BnUE.
3) journaux luxembourgeois, un certain nombre d'années du XIX° et du XX° siècle, en français comme en allemand, la collection paraît intéressante (cf. illustration).
Le Luxembourg fait partie des 9 pays non encore intégrés à The European Library, qui seront intégrés dans le cadre du projet EDL (ces jargons européens ne sont pas toujours faciles à comprendre).
Les Echos du 26 décembre sous la plume de Nathalie Silbert:
[ 26/12/06 ]
Le partenariat noué entre les industriels français et allemands autour du projet de moteur de recherche Quaero a fait long feu. La semaine dernière, lors du sommet national de Potsdam sur les technologies de l'information, le secrétaire d'Etat allemand à l'Economie, Hartmut Schauerte a officialisé le retrait des industriels allemands qui devaient participer au projet, parmi lesquels notamment le géant de médias Bertelsmann. Ces derniers ont en effet décidé de monter leur propre programme baptisé Theseus. Outre Empolis GmbH, une filiale de Bertelsmann AG, il mobilisera plusieurs géants allemands, dont Siemens, SAP et la Fraunhofer Gesellschaft. « Le projet Quaero continue et certains laboratoires allemands restent partenaires du programme », soulignait vendredi un porte-parole de l'Agence de l'innovation industrielle qui doit financer 50 % de la recherche et développement de Quaero.
Des différences d'approche seraient à l'origine du divorce entre les industriels. Avec Quaero, les industriels français menés par le groupe Thomson, souhaitent développer un moteur de recherche grand public et multimédia. Les Allemands, en revanche, souhaitent développer avec Theseus une approche plus professionnelle avec une gestion de la connaissance sémantique, c'est-à-dire capable de faire des recherches « intelligentes » basées sur le sens des mots.
« En réalité, il n'y a pas rupture puisque le projet n'avait pas encore été approuvé par Bruxelles. Simplement désormais il y a deux programmes au lieu d'un et en réalité ils sont complémentaires », relativisait vendredi l'AII.
Alors qu'il devait être le fruit d'une coopération franco-allemande, le projet Quaero (« je cherche » en latin) qui a été doté d'un budget de 250 millions d'euros sur cinq ans, va toutefois prendre une coloration nettement plus hexagonale. Aux côtés du groupe Thomson, chef de file du programme, le moteur de recherche français Exalead, Jouve, LTU et VecsyChef participent à ce programme, annoncé en 2005 par Jacques Chirac pour concurrencer le moteur de recherche américain Google.
A l'occasion du tricentenaire de la naissance du grand mathématicien suisse Euler (1707-1783), l'Université de Strasbourg a numérisé et mis en ligne en mode image (photos des pages) une dizaine d'ouvrages anciens de ce mathématicien; voir la liste et accéder.
L'Université de Rouen, honorant les grands écrivains normands (Flaubert, Maupassant), a numérisé et mis en ligne les manuscrits de Flaubert, où l'on voit le fameux travail d'une grande méticulosité de l'écrivain sur son oeuvre. Voir le chapitre 6 de Madame Bovary. Je pense qu'il s'agit plus d'une édition scientifique de manuscrits qu'une bibliothèque numérique (c'est pourquoi je mets ce billet dans la catégorie "édition scientifique"); en effet ce site et ce remarquable travail me paraissent plus orientés vers une utilisation par des chercheurs, même si cela peut intéresser le grand public de passer y faire un tour.