Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 10:17

La blogosphère bruisse à juste titre du projet de loi Research Works Act qui remet en cause une avancée du Consolidated Appropriation Act (2008) en faveur du libre accès aux résultats de recherche. Voici comment les NIH (National Institutes of Health) faisaient connaître leur politique en application de cette loi de 2008 (ici) et donnaient extrait de l’Act :

 

“The Director of the National Institutes of Health shall require that all investigators funded by the NIH submit or have submitted for them to the National Library of Medicine’s PubMed Central an electronic version of their final, peer-reviewed manuscripts upon acceptance for publication, to be made publicly available no later than 12 months after the official date of publication: Provided, That the NIH shall implement the public access policy in a manner consistent with copyright law.”

 US-GreatSeal-Obverse.svg

Dans notre rapport « édition scientifique » au ministère (mai 2008, commission présidée par Jean Salençon, Académie des sciences), nous avions vanté la politique des États-Unis en ce qui concerne l’Open Access, qui nous semblait (à l’époque) plus volontariste que la politique européenne (extrait) :


[…] les États-Unis sont à la source d’un certain nombre d’innovations dans le champ qui nous intéresse, celui de la publication scientifique suite à la révolution de l’Internet. […] Ainsi le NIH (National Health Institute) a adopté la politique de libre accès suivante :

        A partir d’avril 2008, tous les articles publiés dans des revues, et faisant suite à des travaux financés par NIH, doivent être versés dans l’archive ouverte en ligne propre au NIH, PubMed Central. Les contrats avec les éditeurs doivent explicitement le permettre. Il existe même une liste d’éditeurs (parmi lesquels on retrouve les éditeurs BioMed Central et PLoS) pour lequel ce versement est automatique, le chercheur n’ayant aucune démarche à accomplir. La loi (Consolidated Appropriations Act, 2008) précise que ce versement doit avoir été effectué au plus tard 12 mois après la publication effective dans une revue.

        A partir de mai 2008, toutes les soumissions de projets de recherche au NIH doivent mentionner, dans les articles cités en référence, l’URL de l’article sur le site PubMed.

Cette politique du NIH a été prise en application de « l’amendement SPARC », du nom de Scholarly Publishing & Academic Resources Coalition, organisme associatif universitaire fondé en 1998 (Sparc émane de l’ARL association des librairies de recherche) ; cet amendement avait été voté au Sénat américain en mai 2006 […]

 

L’Act de 2008 avait été très mal reçu par les puissants lobbys américains de l’édition (AAP Association of American Publishers notamment), au moins aussi importants que les lobbys européens de l’édition. Ils ont fait présenter par deux représentants (l’une démocrate, l’autre républicain) un amendement ainsi rédigé, que David Dobbs qualifie d’odieux dans Wired , qui tient lui aussi en quelques lignes :

“No Federal agency may adopt, implement, maintain, continue, or otherwise engage in any policy, program, or other activity that:

(1) causes, permits, or authorizes network dissemination of any private-sector research work without the prior consent of the publisher of such work; or

(2) requires that any actual or prospective author, or the employer of such an actual or prospective author, assent to network dissemination of a private-sector research work.”

 

J’ai du mal à comprendre la politique américaine : le Consolidated Appropriation Act avait été voté fin 2007 sous la présidence Bush, et le projet de Research Work Act est proposé sous administration Obama, par une représentante démocrate C. Maloney (Dobbs dans Wired sous-entend que sa campagne a été financée notamment par les représentants de l’édition…). Affaire à suivre.

Partager cet article
Repost0
30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 09:33

[le lien sur lequel j'attire votre attention est le 3°, marqué ICI en gros]

 

L'image du jour WikiCommons est généralement intéressante et esthétique  (pas tous les jours, trop d'images animalières...). Je vous conseille vivement de vous y abonner, chaque jour vous aurez ce courriel de l'image du jour. Je m'en sers maintenant pour changer de temps à autre mon profil sur "un réseau social bien connu" (comme on entend maintenant à la radio...)

 

Mais aujourd'hui, l'image du jour est par surcroît fort techniquement intéressante. C'est l'image en TRèS HAUTE DéFINITION d'un tableau de Van Gogh : WikiCommons. Ne cliquez pas sur l'image (il semble y avoir un bug, en tout cas pour mes deux navigateurs, bug peut-être lié au visualiseur très haute définition du Louvre - je l'ai signalé sur la page de discussion WikiCommons). Mais cliquez sur la rubrique Source/Photographe, Image page, ou directement ici (je vous facilite le travail, mais c'est l'objet de ce billet !).

 

Vous verrez ensuite, par un simple click ou même roulement de molette de souris, apparaître des détails du tableau en très haute défiinition - particulièrement adaptée à la manière de peindre de Van Gogh.

VanGogh.GIF

Vous retrouverez la galerie complète en très haute définition du C2RMF (Centre de restauration des musées de France, unité mixte de recherche CNRS/ Réunion des musées nationaux) ici.

 

Du point de vue logiciel, il s'agit du projet IIPImage, projet semble-t-il libre de SourceForge. En revanche, du point de vue des droits, compte tenu de la politique treès resctrivtive sur Internet de la rMN, du Louvre, d'Orsay, je me demande comment l'image du tableau de Van Gogh peut se retrouver libre de droits sur WikiCommons (si quelqu'un veut m'éclairer en commentaires ci-dessous - mais maintenant tout le monde fait ses commentaires sur sa page réseau social ou son compte de fil...)

Partager cet article
Repost0
25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 13:28

Un professeur de lettres classiques du lycée Chaptal (Loys Bonod, 36 ans) se gargarise "J'ai piégé le Net pour donner une bonne leçon à mes élèves" (NB : en donnerait-il habituellement de mauvaises ? c'est toujours intéressant d'écouter l'inconscient parler ). Rien de bien palpitant, mais çà remonte quand même jusqu'au JT de France 2 et au Journal de France-Musique (long reportage).

 

On retrouve le piégage de Wikipédia, comme au bon vieux temps d'Assouline et de ses élèves de SciencesPo. J'ai lu récemment qu'Assouline, quatre ans après, "ne souhaite plus s'exprimer à propos de Wikipédia". Dont acte.

 

Et l'enseignant de se vanter d'avoir gagné la confiance des wikipédiens par quelques contributions érudites en littérature, avant d'introduire une donnée fausse dans une page pour les besoins de son "expérience". Nunquam auditur propriam turpitudinem allegans, disait un patron que j'ai connu à l'un de ses collaborateurs – sidéré – qui invoquait ses propres problèmes d'organisation. Personne n'est audible quand il fait référence à ses propres turpitudes.

 

La conclusion de l'article du prof de Chaptal, ce qu'il appelle pompeusement (c'est le cas de le dire)  "la morale de l'histoire", c'est : "on ne profite vraiment du numérique que quand on a formé son esprit sans lui." Toujours cette même vision élitiste et hors d'époque : "Oui môssieur, moi j'ai fait mes humanités, et sans Internet".

Bude.gif

Mais, surtout, indépendamment de Wikipédia, indépendamment de ce stratagème-là, tout ceci n'a pas grand'chose à voir avec Internet. J'ai souvenir du  prof de latin (NB : moi aussi j'ai fait mes humanités ! ) qui ôtait un petit bout de phrase de Cicéron dans la version qu'il donnait à traduire. Toux ceux qui avaient le Budé sur les genoux ne manquaient pas de rendre leur copie avec le bout de phrase traduit.

 

J'ai fait par la suite des études scientifiques, mais je garde un souvenir ému de ce prof de français/latin/grec (lettres classiques) : M. Juhlin était son nom. RIP. Et lui n'a  sans doute pas fait exprès en oubliant ce bout de phrase (c'est un élève qui le lui a fait remarquer lors de la correction orale...). O tempora, o mores, conclurai-je avec Bonod !

 


PS : je viens de trouver une page de chroniques elles aussi critiques du procédé de cet enseignant. Le titre originel de Bonod "Comment j'ai pourri le Web" est détourné en "Comment j'ai nourri le Web", démarche de laquelle je me sens plus proche.

 


PS qui a (un) peu à voir : j'ai fini ce jour le remarquable livre de F. Bon, Après le livre (Seuil 2011). J'en parlerai sur ce blog à l'occasion. Voilà une approche intéressante du numérique !


PS 2 (ajoût du 10 novembre 2012) : l'enseignant Loys Bonod a pris la peine de démonter point par point mon présent billet dans un forum de discussion. A lire.

Partager cet article
Repost0
20 décembre 2011 2 20 /12 /décembre /2011 18:24

On avait dit ici (Actualitté) ou là (Affordance) que c’était fini, que grâce aux réseaux sociaux les équipes de la BnF avaient réagi, et qu’on ne reprendrait pas la main de l’auguste BnF dans la culotte du zouave.

Voire. Ou voir, comme un voyeur. Je recommande chaudement – si je puis dire – l’éditeur La Musardine (site de cet éditeur), remonté par Numilog sur Gallica (bibliothèque numérique de la BnF), environ 322 ouvrages (nombreux doublons semble-t-il) :

 

ICI la page de cet éditeur sur Gallica

(revenez lire la suite de l'article SVP!)

 


Vous pourrez feuilleter avec délices Amour & Popotin, La Foire aux cochons (auteur Esparbec, 30 des 300 livres) ; In/soumises ; Le Parfum de la chatte en noir, ou Comment draguer la catholique sur les chemins de Compostelle : auteur E. Liebig, 15 ouvrages assez chauds – mais il nous est précisé (sur la page Gallica) que « l’auteur a par ailleurs publié deux ouvrages très sérieux chez Michalon » et « qu’il collabore à Siné Hebdo et à l’émission Les Grandes Gueules sur RMC »; l'auteur ainsi légitimé, il n'y a plus de quoi fouetter un(e) chat(te) ou mettre en émoi la Fraternité de Saint Pie X.

 musardine3.JPG

 

Après une heure de travaux pratiques (pour moi – et pour vous ?), un peu de théorie.


La technique d’abord : c’est magnifique le XML (non ce n’est pas une abréviation cochonne) – Gallica et la BnF endossent ainsi des œuvres et aussi… des métadonnées (notices sur les ouvrages ou leurs auteurs, cf. le pâle échantillon ci-dessus).


La stratégie de bibliothèque numérique ensuite. Quand on vous disait que le mélange des genres privé-public sur un site Gallica qui devrait rester une bibliothèque numérique patrimoniale n’était pas souhaitable, on ne croyait pas trouver un tel exemple de cocktail détonnant ! N’oublions pas que le mélange des genres privé-public ce n’est pas seulement voir des livres d’éditeurs privés (Gallimard, Fayard, Grasset, etc. dont Musardine) sur un site public (Gallica de la BnF), mais c’est aussi le fait que ces numérisations ou mises en ligne sont financés par le contribuable, comme le rappelle le logo bleu « en association avec le Centre national du Livre » à gauche de chaque notice (plus précisément par la taxe parafiscale sur l’achat d’imprimantes-scanners qui abonde le CNL, lui-même soutenant financièrement les éditeurs pour cette opération Gallica).


Somme toute, on revient là à l’Internet des débuts (ou l’Internet de toujours), les sites de sexe. Remplacer sites par livres et voici un bel usage du livre numérique en perspective (passée et future) ! De quoi voir l'avenir du livre numérique en rose !

Partager cet article
Repost0
11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 13:06

Insttiut.gif

Je viens de prendre connaissance de la Bibliothèque numérique de l'Institut de France (Académie française, etc.) (lien).Curieux mélange, qui tient sur une page, entre des auteurs très connus (Balzac, Descartes, Galois) et d'illustres inconnus, pour moi en tout cas.


Je ne souhaite pas critiquer plus que nécessaire cette numérisation (d'autant que j'ai déjà critiqué certaines stratégies numériques de l'Institut, ). Elle correspond à un effort méritoire : comme l'indique l'Institut, "Les documents présentés ci-dessous constituent les premiers éléments d’une bibliothèque virtuelle qui montrera aux chercheurs comme au grand public quelques uns [sic] des trésors conservés à la Bibliothèque de l’Institut".

 

Acceptons-en l'augure, mais faisons néanmoins quelques remarques.

 

Ce n'est pas une bibliothèque numérique avec visualisation des documents en ligne, mais une page de téléchargement de fichiers PDF. Les fichiers sont lourds (30 Mo, premier fichier Balzac). Pour la plupart, ce sont des microfilms (d'avant l'époque du numérique) qui ont été numérisés (ex. Galois : microfilm de 1998 de la Société d'ingénierie et de microfilmage).

 

Ce mode de numérisation n'est pas du tout conçu pour une lecture sur Internet ou sur écran. Pour Balzac, je ne connais pas la taille des feuillets originaux : à la numérisation on a deux feuillets d'écriture par A4-PDF, on doit augmenter la taille à 175% pour lire, mais la lecture est difficile - non pas à cause de l'écriture manuscrite mais parce qu'on est en limite de résolution : échelle normale (100%) impossible à lire car caractères trop petits ; plus grande échelle (300%) impossible à lire car perte de résolution. Pour Galois, là non plus je ne connais pas la taille des feuillets originaux : mais la taille sur A4-PDF est plus petite encore, ce qui rend ces feuillets illisibles.

 

À titre de comparaison, on pourra voir des manuscrits avec visualisation en ligne grâce au logiciel ICEBERG du CNRS/CN2SV (auteur du logiciel Stéphane Pouyllau, par ailleurs auteur de blog, et concepteur du moteur de recherche ISIDORE). Ce sont là de véritables bibliothèques numériques de manuscrits :

- site des manuscrits de Gay-Lussac et Monge, SABIX (Société des amis de la bibliothèque et de l'histoire de l'Ecole polytechnique, que je préside) (numérisation et mise en ligne grâce au Plan National de Numérisation 2007 du ministère de la Culture).

- site consacré à Ampère (CNRS/ Centre Alexandre Koyré), et notamment ses manuscrits (numérisation et mise en ligne grâce au programme CORPUS - ANR).

Ce sont là de réelles bibliothèques numériques.

 

Encourageons donc l'Institut à une meilleure réflexion sur cette dernière notion. Le "Grand Emprunt" (volet numérisation), auquel l'Institut est candidat, l'y encouragera-t-il ? Il est à craindre que la manne de ce "Grand Emprunt" ne conduise plutôt à coûteux appels à sociétés de conseil et d'ingénierie, et autres web agencies, avec système propriétaires et maintenance associée. Alors que, justement, des logiciels comme ICEBERG développé pour la visualisation des manuscrits par le CNRS sont non seulement libres mais surtout gratuits (ou fort peu coûteux). Malgré le Grand Emprunt, qui n'encourage pas du tout aux stratégies de moindre coût, essayons de promouvoir ce type de stratégie.

 

Il est enfin un dernier point à souligner concernant les documents numériques de l'Institut, c'est leur coût de réutilisation (voir la page des tarifs). Réutiliser par exemple sur Internet une page de manuscrit coûte par exemple 120€ de droits (réduits de moitié pour une publication scientifique). Dans ce contexte je pose les questions suivantes à mes lecteurs :

- l'Institut, créé sous l'Ancien Régime (Richelieu puis Colbert), n'appartient pas au droit public : mais son patrimoine n'est-il pas néanmoins public ?

- ce qui serait inacceptable pour des imprimés (faire payer ses numérisations, ce que BnF/ Gallica a finalement renoncé à faire), le serait-il pour des manuscrits, documents uniques, à la conservation délicate ?

J'ai, pour ma part, tendance à répondre OUI aux deux questions - je suis favorable à une diffusion gratuite de ces oeuvres-là, aussi. Mais le débat est ouvert (commentaires).

Partager cet article
Repost0
19 octobre 2011 3 19 /10 /octobre /2011 09:25

Je ne veux pas m’acharner contre cette malheureuse WebTV payante de l'Institut, nommée Canal Académie : j’ai déjà eu l’occasion d'écrire ce que j’en pensais, ce qui avait suscité un commentaire de la part de sa directrice générale (voir ma réponse détaillée en commentaire).

 

Du coup, j’ouvre rarement leur newsletter, n’en ayant guère le temps. Mais ce matin, oui, et je tombe sur cette PERLE : Chantal Delsol : "L’illetrisme et l’échec scolaire devraient nous interroger."

 

Faire une faute d’orthographe quand on parle d’illettrisme, il faut le faire. En plus à l’Académie française : çà ne disjoncte pas (argument diagonal), çà trisjoncte !


Perle.jpg

NB : si Canal Académie rectifie la faute, ce qui sera sans doute le cas, qu’ils pensent aussi à rectifier l’URL !

 

NB2 : on appréciera à nouveau les publicités sur cette page CanalAcadémie, comme souligné dans mon précédent billet.


Partager cet article
Repost0
14 octobre 2011 5 14 /10 /octobre /2011 12:27

J'ai fait le 15 septembre dernier à Neuchâtel (Suisse), à l'invitation de la 88° assemblée générale des archivistes suisses, une présentation intitulée : "Diffusion du patrimoine et de la culture scientifiques sur Internet : bilan prospectif de diverses expériences" (présentation à télécharger sur leur site, PDF 3Mo)


J’essaie d’y faire une lecture et une description de divers projets auxquels j’ai contribué ou contribue encore, ou que je mène moi-même :


1. Bibliothèque numérique européenne (Europeana ou BNuE) – comparaison avec Google (cf. mon article dans La Jaune & la Rouge, février 2010)

2. Un exemple concret : BibNum histoire des sciences (cf. mon article Bulletin des Bibliothèques de France, mai 2010)

3. Usages d’Internet : IST (information scientifique et technique - recherche) (cf. rapport Salençon-Moatti au MESR mai 2008)

4. Usages d’Internet : CST (culture scientifique)

5. Wikipedia & al.


Je serai heureux de vos commentaires à propos de cette présentation.

Partager cet article
Repost0
6 octobre 2011 4 06 /10 /octobre /2011 08:56

Depuis le 4 octobre, et au moins jusqu'au 6 octobre (date d'examen d'une loi sur l'Internet au Parlement italien), Wikipedia en italien est inaccessible (voir communiqué du 6 octobre qui prévient contre certaines dérives du projet de loi). Pour vous en convaincre, allez sur n'importe quelle page Wikipedia en français, et cliquez dans la colonne de gauche le lien Italiano pour voir la page correspondante en italien, vous tomberez toujours sur la page suivante :


WP-Italie

 

Alors, imaginons un peu : c'est comment la vie sans Wikipedia ?

Partager cet article
Repost0
22 juin 2011 3 22 /06 /juin /2011 08:33

Il y a longtemps que je voulais m'occuper de Canal Académie dans ce blog. Voilà. Les diverses académies de l'Institut de France ont cru bon de créer le service payant Canal Académie (en période de test il était gratuit). Il est vrai que ce n'est pas très cher (23 euros par an). Mais ceci me paraît aller à l'encontre de la mission de diffusion de la connaissance pour tous de l'Académie : j'avais déjà fait la même remarque à propos des Comptes-rendus de l'Académie des sciences, créés par Arago en 1835, et qui sont maintenant chez l'éditeur Elsevier et pour lesquels vous devez débourser 800 euros/an (simplement pour les CRAS mathématiques).

 

Mais, surtout, il y a un nombre incroyable de publicités sur ce site parapublic, en page d'accueil , un écran Bose, et sur toutes les pages des annonces Googles, et à nouveau un film Bose (ci-dessous).

Canal-Academie.PNG

Et en page d'accueil :

Canal-Academie2-copie-1.JPG

Enfin on remarquera "à la Une" une erreur de date concernant l'académicien Henri Amouroux : ses dates sont indiquées (1900-2007), grande longévité, alors que c'est (1920-2007). Tout le monde peut faire des erreurs, mais à la Une c'est gênant (surtout ce type d'erreur : le rédacteur peut se rendre compte en écrivant même qu'il s'agit d'une erreur) - et c'est gênant de devoir vérifier sur Wikipedia les infos données par l'Institut !

CanalAcademie3.GIF

Amouroux en habit d'académicien à droite, juste en-dessous des pubs Google


J'ouvre le débat : est-ce une bonne chose que Canal Académie soit gérée par une équipe de journalistes free-lance et une société Internet Digiplace (qui sommes-nous) ? est-ce une bonne chose que ce soit payant ? ce service étant payant, est-il normal qu'il y ait en sus des publicités?

 

J'apprécierais vos commentaires - en ce qui me concerne je trouve ce partenariat public-privé sympathique (cela fait vivre quelques free-lance, un community manager, etc.), mais à mon sens hors de propos pour une institution publique telle que l'Institut.

Partager cet article
Repost0
13 juin 2011 1 13 /06 /juin /2011 10:48

Dans la droite ligne de ce que j'avais écrit il y a deux ans (billet "Droits d'auteur vus par l'INIST"), s'est déroulé un procès dont je ne connaissais pas l'existence, un auteur (juriste, çà aide !) a attaqué INIST (CNRS) et Chapitre.com.


Je m'étais insurgé en 2009 contre le fait que les articles de la revue Bulletin de la SABIX que je dirige se retrouvaient en vente 19 euros par article (alors que nous vendons le numéro entier et sa dizaine d'articles à 20 euros), et surtout sans autorisation aucune de l'auteur de l'article, ou de l'éditeur (nous-mêmes) auquel il avait confié ses droits pour son article.

 

On se retrouvait dans une situation où, sous prétexte de "valorisation des résultats de la recherche" (mission de l'INIST), un article se retrouvait en vente 1) sur un site privé (Chapitre.com), 2) sans que auteur ni éditeur ne soient informés, 3) à un prix incroyable (d'un autre côté, plutôt moins cher que les articles à l'unité sur Springer ou Elsevier, 35 dollars - mais les articles leur appartiennent, hélas), et 4) sans que éditeur et auteur récupèrent quoi que ce soit - des cacahuètes au titre du droit de copie, qui d'ailleurs est forfaitaire, déjà assez compliqué à récupérer pour un auteur isolé, mais pour une revue administrativement quasi infaisable.

 

Et ceci sur la seule base juridique suivante : subrogation du CFC à l'INIST du fameux "droit de copie" - qui en aucun cas n'est un droit de diffusion publique ni de vente, et, semble-t-il, l'écriture d'une notice descriptive de l'article par l'INIST (pas toujours présente)

 

La Cour d'appel (27 mai 2011) a confirmé le jugement de première instance (9 juillet 2010) - sans doute INIST et CFC avaient cru bon de faire appel - c'était d'ailleurs vital pour eux.

 

Un exemple stupéfiant de ce qui avait pu germer dans la tête d'un organisme public (INIST-CNRS), à la recherche de "ressources propres", d'un organisme parapublic dépendant du ministère de la Culture (le CFC, j'ai déjà eu l'occasion de dire ce que je pensais de ces organismes qui s'auto-alimentent), et d'un malheureux partenaire privé (la librairie en ligne Chapitre.com).

 

Voir ci-dessous l'article du site LEGALIS, et les intéressants liens vers les deux arrêts.

 


 

(extrait site legalis.net)

 

La cour d’appel de Paris a confirmé la condamnation du Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC) et l’Inist Diffusion, filiale du CNRS, prononcée par le TGI de Paris, pour la vente de copie d’articles juridiques sur Inist.fr et Chapitre.com sans l’autorisation de son auteur. Dans son arrêt du 27 mai 2011, la cour rappelle que la cession légale du droit de reproduction par reprographie au profit du CFC ne vaut que pour une utilisation non commerciale. Pour le reste, le consentement de l’auteur demeure indispensable. A cet égard, les deux sociétés ne peuvent pas se prévaloir d’une cession tacite ou implicite des droits d’auteur à l’éditeur de la revue dans laquelle les articles en cause ont été publiés, dès lors que l’auteur s’était borné à autoriser cette publication (...) Dans cette affaire, le CFC avait conclu avec Inist Diffusion un contrat par lequel le CFC cédait à la filiale du CNRS les droits de reproduction par reprographie des publications qu’elle avait acquis. L’Inist avait, à son tour, conclu une convention de partenariat de diffusion/distribution avec Chapitre.com.

 


 

Et, me fait remarquer mon collègue Rémi Mathis conservateur à la BnF, à propos d'un article dont il est l'auteur et diffusé vaillamment par INIST, le prix pouvait monter plus haut, à 50 euros pour une livraison express de l'article (ici).

 

Il semblerait, par surcroît, que la facturation porte sur l'article (par exemple 11 euros), et que le droit de copie est payé à part, pour 1,80 euros : donc l'auteur ne se verrait éventuelement rémunéré par le CFC au titre du droit de copie que sur cette minime quote-part calculée séparément...

 

Sur ce jugement, à signaler que pour le plaignant David F. (anonymisation partielle puisque vous pouvez voir le nom  David Forest dans le jugement), c'est une bonne affaire, environ 22 000 euros si j'ai bien calculé (plus la transaction qu'il a signée avec la partie privée Chapitre.com, qui du coup n'apparaît pas dans le jugement).

 

Une question posée à la communauté de l'IST : que vont faire les différents auteurs et éditeurs puisque cette diffusion continue en toute impunité ? Voir SABIX sur portail INIST : tous les articles (150 environ) + moi-même  comme auteur)

 

Je serais heureux de vos avis en commentaires.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Humanités numériques, édition scientifique, diffusion numérique de la connaissance, Enseignement supérieur et recherche, géographie et histoire industrielles (auteur Alexandre Moatti) = ISSN 2554-1137
  • : Discussions sur le projet de Bibliothèque numérique européenne, sur les bibliothèques numériques en général; sur l'édition scientifique papier & en ligne.
  • Contact

Avant-propos

Ce blog est créé à la rentrée scolaire 2006 pour suivre les sujets suivants:
# Bibliothèque numérique européenne (BNUE), et bibliothèques numériques en général.
# Edition et revues scientifiques.
Il est étendu en 2023 sur des sujets connexes aux précédents, mais néanmoins liés : patrimoine industriel, géographie industrielle.

 
Alexandre Moatti
 
 

Recherche