(voir aussi mon billet ultérieur sur privé-public Gallica, mai 2013)
J’ai déjà souligné ici mon incompréhension du fait que les éditeurs (sous l’égide du SNE) se fassent financer sur fonds publics (CNL Centre national du Livre, taxe sur les scanneurs-photocopieurs) des mises en ligne d’extraits d’ouvrages sur le remarquable site Gallica de la BnF. C’est à mon sens un mélange des genres privé-public, un « partenariat privé-public à la française » assez gênant. Gênant pour l’unité éditoriale de Gallica, où l’on s’attend à trouver des ouvrages patrimoniaux (qui ne sont plus sous droits) : on n’a pas envie que Gallica ressemble à Google Books (sur ce plan – car par ailleurs Gallica n’a pas certains avantages de Google Books). Gênant pour l’utilisation des fonds publics, qui aident à la numérisation et à la mise en ligne (à ma connaissance, fonds de plusieurs millions d’euros annuels) : pourquoi les éditeurs font-ils appel comme souvent aux pouvoirs publics, sachant qu’ils peuvent aussi mettre leurs extraits en ligne sur Amazon, sur Google Books, et sur les différentes plateformes Numilog, EBook, etc? Bref, je ne comprends pas très bien la mission de service public BnF ni l’utilisation des fonds publics dans ce mélange de genres.
Le système est à son paroxysme quand il s’agit d’une œuvre patrimoniale (qui n’est plus sous droits) rééditée (la réédition est, elle, sous droits). Ex. Introduction à la médecine expérimentale, Claude Bernard, Baillère 1865 (et Flammarion 2008). Voici la page de recherche Gallica, illustration ci-dessous.
On y trouve deux exemplaires de l’édition de 1865 (un de la BNF et l’autre du partenaire BIUSanté) – un exemplaire généré par EBooks à partir du contenu du site Classiques en sciences sociales (Université de Quebec) pionnier de la numérisation. On y trouve aussi l’exemplaire Flammarion 2008. Quand on clique sur l’exemplaire Flammarion, on arrive à cette page (ci-dessous). On notera dans cette page que la rubrique « Du même auteur » semble ne pas fonctionner du tout et nous donne des résultats aberrants pour Claude Bernard (1813-1878).
Enfin, quand on clique sur « voir l’exemplaire Flammarion » (on sort du site Gallica), on arrive sur le site Flammarion avec le visualiseur EdenLivres (ici). C’est justement ce type de visualisation que finance le fonds CNL.