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28 octobre 2018 7 28 /10 /octobre /2018 15:40

Je me suis récemment abonné à l’Encyclopédie Universalis en ligne – c’est peut-être étonnant pour un wikipédien (depuis 2005), administrateur de Wikimédia France (2008-2010) et membre depuis lors, et qui ai eu l’occasion de m’exprimer ici (Actualitté, 2008) ou là, voire d’écrire (ici), en comparaison favorable de Wikipédia face à Universalis.

Universalis, 50 ans, 1968-2018

Si je me suis abonné, c’est parce que je mène des recherches assez spécifiques sur le xxe siècle, et qu’il est intéressant de voir que telle personnalité bénéficie d’une notice dans Universalis ; comme cette encyclopédie est plus « sélective » que Wikipédia (toutes les personnalités dans Universalis sont dans Wikipédia, l’inverse est loin d’être vrai), le fait que telle personnalité – qu’on croyait par exemple oubliée, ou peu notable – bénéficie d’une notice Universalis est un fait en soi, fait de recherche historique sur l’époque considérée. Certaines notices Universalis, sur une personnalité ou un concept, peuvent aussi apporter un autre éclairage que Wikipédia, parce qu’elles reflètent parfois aussi, de par leur auteur (le fameux mono-autorat chez Universalis), une certaine vision de l’époque où elles ont été écrites : c’est là aussi un fait de recherche historique sur l’époque considérée.

Que l’on se rassure toutefois : j’ai peut-être 1 utilisation Universalis pour 300 utilisations Wikipédia, donc une infime proportion, et relevant exclusivement des deux cas décrits (à la base, une curiosité : tiens, que dit Universalis de telle personnalité du xxe s., et d’abord y figure-t-elle ? et qui a écrit sa notice ?).

Seulement il y a un gros hic, si je puis dire, et d’ailleurs lié à ce qui précède – c’est en quelque sorte le revers de la (toute relative) médaille. On remarque, et on est gêné (pour eux, pour soi), que les notices en ligne d’Universalis ne soient jamais datées. Vieille séquelle du monde de l’encyclopédie papier – dans laquelle les notices ne sont pas datées, seule l’année d’édition papier comptait ; et une fois qu’on avait les volumes papier dans sa bibliothèque, on se souciait finalement peu de leur « fraicheur[1] ». L’internaute est, lui, beaucoup plus exigeant, et vigilant : il fait attention à la date d’une page internet – par exemple il ne veut pas tweeter une information qui date d’il y a 3 ans et qu’il découvre ; mais il est exigeant au-delà de l’actualité : il a conçu – et c’est tant mieux – une exigence de la référence précise, et la date d’un document, d’une page internet, en fait partie (et pour une encyclopédie qui se veut de référence, c'est embêtant qu'il manque une référence comme la date...).

Entendons-nous bien : je n’utilise pas ici l’argumentaire (favorable à Wikipédia) selon lequel « Wikipédia est un savoir en action, comme la science ; tandis qu’Universalis est un savoir établi, voire figé ». Argumentation que je ne partage pas, car le savoir établi est souvent tout à fait valable, pour le niveau d’utilisation le plus courant… C’est plutôt à rebours que j’utilise cette argumentation : en ne datant pas ses notices, Universalis prend le risque – et elle le sait – que l’on s’aperçoive qu’elles sont anciennes (années 1980, 1990 – rien que parfois par la signature des auteurs, décédés depuis, on peut les dater)[2] ; et corrélativement, l'on s'apercevrait non seulement qu’elles sont anciennes, mais aussi qu’elles sont datées – au sens : reflet de l’époque où elles ont été écrites.

Entendons-nous bien, à nouveau (mon billet exploitant une idée, dont je suis convaincu mais qui est sur le fil du rasoir, je suis obligé à ces réserves et circonvolutions) : je suis loin d’être un postmoderne relativiste (« tout savoir est le fruit d’une époque et d’une idéologie, d’un pouvoir dominant, etc. »), mais force est de constater que c’est justement le cas, parfois, et même souvent, des notices Universalis. C’est d’ailleurs pour cette raison, m’aperçois-je a posteriori, que je me suis abonné et que ces notices sont aussi un objet de recherche historique – ceci nous ramène à mon second paragraphe ci-dessus, la boucle est bouclée.

Universalis est dans une impossibilité quasi ontologique de préciser les dates de ses notices. Et finalement, le reproche autrefois fait à Wikipédia par les encyclopédies « traditionnelles » et avec elles par le monde culturel[3], reproche selon lequel « les articles Wikipédia n’ont pas d’auteur [identifié] », effet de manche peu étayé et largement contestable, pourrait se retourner mutatis mutandis, et cette fois-ci avec plus de raisons, contre Universalis et les encyclopédies traditionnelles : peut-être les notices Wikipédia n’ont pas d’auteur (académique, unique, bien identifié), mais ce qui est certain c’est que vos notices Universalis n’ont pas de date [et pour cause !]…

 

 

[1] Jeune, je me contentais largement des volumes blancs de l’Universalis de mes parents, au-delà du simple Larousse des noms propres ; je n’allais toutefois pas jusqu’aux volumes vert foncé du Larousse Illustré des années 1930, que ma mère avait reçu de son père, et qui restait figé dans la bibliothèque du salon. Notons qu’il jouait dans les années 1930, auprès de la génération de mes grands-parents, le même rôle qu’Universalis jouait dans les années 1970-1980, auprès de celle de mes parents.

[2] Quand, pire, on ne voit pas le nom du réviseur (que je connais par ailleurs) en surimpression du nom de l’auteur initial (avec une syntaxe HTML défaillante, on en est gêné pour Universalis), sans date dans les deux cas. Je ne veux pas entrer dans les détails (saisie d’écran à votre disposition).

[3] Sur les oppositions du monde culturel français à Wikipédia (aujourd’hui plus estompées, ou plus discrètes), voir mon article « Postures d’opposition à Wikipédia en milieu intellectuel en France », in Lionel Barbe, Louise Merzeau,  Valérie Schafer (dir.), Wikipédia, objet scientifique non identifié ?, Presses universitaires Paris-Ouest Nanterre, 2015, p. 123-133 (en ligne OpenEditionBooks)

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17 octobre 2013 4 17 /10 /octobre /2013 11:14

J'ai été invité par le Consulat général de France au Québec[1] à venir conférer avec des lycéens de Québec le WE du 26-27 octobre au CEGEP Garneau à Québec, dans un atelier sur les pseudosciences. J'en ai profité pour programmer diverses autres conférences (deux séminaires académiques + une conférence grand public) à Montréal.

 

Voici mon programme global:

 

  1. V25 (9h30-11h30) au laboratoire CMO (Communication médiatisée par ordinateur) de l’UQAM, Montréal, «Internet, humanités numériques et diffusion des connaissances » (PDF) (lien) (invitation par Serge Proulx) (en visio avec l'université Laval à Québec)
  2. V25 (12h30-14h00) au laboratoire CIRST (Centre de recherche interuniversitaire sur la science et la technologie) de l’UQAM, Montréal : « L'alterscience : analyse de ses invariants et mise en relation épistémologique » (programme sur le semestre)  (invitation par Yves Gingras)
  3. V25 au soir au D27 midi : Forum international Science & Société, ACFAS (Association francophone pour le savoir), atelier pseudo-sciences, CEGEP Garneau, Québec (QC) (programme) (interview avec le Consulat général, qui a pris l’initiative de m’inviter au Québec)
  4. Ma29 à 19h, conférence grand public avec Cœur des Sciences, UQAM (pavillon Sherbrooke), « Alterscience : anti-science, croyance, radicalisme », (annonce, invitation par Sophie Malavoy, directrice de Cœur des Sciences).

    logo_consultatgenfrance.gif



[1] A/R en avion et trois nuits d'hôtel, forfait de 1000€.

 

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12 janvier 2013 6 12 /01 /janvier /2013 12:36

Mon livre Alterscience. Posture, dogmes, idéologies sort jeudi prochain 17 janvier en librairie (330 pages, 23,90€)


CouvertureDef.JPG

En voici le sommaire (PDF) et ci-dessous la 4e de couverture.

 

4°Couverture

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19 octobre 2011 3 19 /10 /octobre /2011 09:25

Je ne veux pas m’acharner contre cette malheureuse WebTV payante de l'Institut, nommée Canal Académie : j’ai déjà eu l’occasion d'écrire ce que j’en pensais, ce qui avait suscité un commentaire de la part de sa directrice générale (voir ma réponse détaillée en commentaire).

 

Du coup, j’ouvre rarement leur newsletter, n’en ayant guère le temps. Mais ce matin, oui, et je tombe sur cette PERLE : Chantal Delsol : "L’illetrisme et l’échec scolaire devraient nous interroger."

 

Faire une faute d’orthographe quand on parle d’illettrisme, il faut le faire. En plus à l’Académie française : çà ne disjoncte pas (argument diagonal), çà trisjoncte !


Perle.jpg

NB : si Canal Académie rectifie la faute, ce qui sera sans doute le cas, qu’ils pensent aussi à rectifier l’URL !

 

NB2 : on appréciera à nouveau les publicités sur cette page CanalAcadémie, comme souligné dans mon précédent billet.


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22 juin 2011 3 22 /06 /juin /2011 08:33

Il y a longtemps que je voulais m'occuper de Canal Académie dans ce blog. Voilà. Les diverses académies de l'Institut de France ont cru bon de créer le service payant Canal Académie (en période de test il était gratuit). Il est vrai que ce n'est pas très cher (23 euros par an). Mais ceci me paraît aller à l'encontre de la mission de diffusion de la connaissance pour tous de l'Académie : j'avais déjà fait la même remarque à propos des Comptes-rendus de l'Académie des sciences, créés par Arago en 1835, et qui sont maintenant chez l'éditeur Elsevier et pour lesquels vous devez débourser 800 euros/an (simplement pour les CRAS mathématiques).

 

Mais, surtout, il y a un nombre incroyable de publicités sur ce site parapublic, en page d'accueil , un écran Bose, et sur toutes les pages des annonces Googles, et à nouveau un film Bose (ci-dessous).

Canal-Academie.PNG

Et en page d'accueil :

Canal-Academie2-copie-1.JPG

Enfin on remarquera "à la Une" une erreur de date concernant l'académicien Henri Amouroux : ses dates sont indiquées (1900-2007), grande longévité, alors que c'est (1920-2007). Tout le monde peut faire des erreurs, mais à la Une c'est gênant (surtout ce type d'erreur : le rédacteur peut se rendre compte en écrivant même qu'il s'agit d'une erreur) - et c'est gênant de devoir vérifier sur Wikipedia les infos données par l'Institut !

CanalAcademie3.GIF

Amouroux en habit d'académicien à droite, juste en-dessous des pubs Google


J'ouvre le débat : est-ce une bonne chose que Canal Académie soit gérée par une équipe de journalistes free-lance et une société Internet Digiplace (qui sommes-nous) ? est-ce une bonne chose que ce soit payant ? ce service étant payant, est-il normal qu'il y ait en sus des publicités?

 

J'apprécierais vos commentaires - en ce qui me concerne je trouve ce partenariat public-privé sympathique (cela fait vivre quelques free-lance, un community manager, etc.), mais à mon sens hors de propos pour une institution publique telle que l'Institut.

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8 novembre 2007 4 08 /11 /novembre /2007 12:42

J'ai le plaisir d'informer les lecteurs du blog de la parution de mon livre :

moatti-couv.jpgEinstein, un siècle contre lui
(Editions Odile Jacob, octobre 2007, 285 pages, 21,90€)


C'est un livre d'histoire des sciences et des idées au XX° siècle, basé sur un travail personnel mené depuis quelques années sur les ennemis de la relativité de 1915 à 2005 : physiciens expérimentaux français ou allemands qui ne la comprenaient pas, flibustiers de la science, prix Nobel nazis et autres antisémites, révisionnistes scientifiques ou alterscientifiques lors de l'Année mondiale de la physique 2005.

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11 mai 2007 5 11 /05 /mai /2007 11:31

J'ai mis en ligne sur HAL-SHS (Archives ouvertes du CNRS) un article que j'ai écrit à la demande de la revue "Annales des Mines" (numéro de mai 2007 consacré au partage des savoirs scientifiques, disponible aux Editions Eska).

Dans la première partie, je reviens sur mes expériences de création du portail science.gouv.fr, de pilotage du projet "Bibliothèque numérique européenne", puis de lancement d'autres projets de numérisation (projet NUMIX, pdf). Dans la deuxième partie, je m'interroge sur une "culture générale scientifique", et sur la place des sciences exactes dans notre société.

Je serais heureux de vos commentaires éventuels à propos de cet article. Lire l'article (HAL-SHS).

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13 février 2007 2 13 /02 /février /2007 14:52
J’ai peu entretenu cette rubrique " diffusion de la culture scientifique ", car il est parfois malaisé de faire de la vulgarisation (cf. mon blog de sciences) et d’en parler en même temps. J’ai cependant assisté hier, en partie, à un colloque " Sciences et Société en mutation " organisé au plus haut niveau du CNRS (voir page et podcast). J’en retirerai deux expériences intéressantes données par des orateurs du colloque.

La première concerne un jumelage effectif entre un chercheur, un membre de l’académie des sciences, un parlementaire (député ou sénateur) : sous le parrainage de l’académie des sciences (Mme. Dominique Meyer), cette opération, inspirée d’une opération analogue au Royaume-Uni a effectivement débuté en octobre 2005 et se traduit par plusieurs jours passés en trinôme, dans le laboratoire du chercheur comme en accompagnement du parlementaire (dans son Assemblée ou dans sa circonscription).

La deuxième expérience est allemande, il s’agit de la Kinder-Uni (Université des enfants) à l’université de Tübingen ; ce programme mené depuis 2002 fait venir huit fois dans l’année à l’université de Tübingen de 500 à 1000 enfants à chaque séance pour des conférences scientifiques dans un amphithéâtre. Le programme a été transposé, sous des formes diverses, dans 100 université et instituts universitaires en Allemagne.
 
On trouvera par ailleurs, à l’appui de ce colloque du CNRS, une intéressante étude d’une dizaine de pages effectuée par Pablo Jensen, physicien au CNRS, sur les pratiques de vulgarisation des chercheurs du CNRS (sous forme d’analyse statistique).
 
Complément du 25 mars (via blog Enro): on peut trouver en ligne sur le site de CanalU l'ensemble des interventions de cet intéressant colloque, URL.
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15 novembre 2006 3 15 /11 /novembre /2006 15:08
Un séminaire original sur la vulgarisation scientifique auquel j'ai assisté ce jour à l'ENS, lire sur le site d'intéressants papiers sur le sujet.
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Présentation

  • : Humanités numériques, édition scientifique, diffusion numérique de la connaissance, Enseignement supérieur et recherche, géographie et histoire industrielles (auteur Alexandre Moatti) = ISSN 2554-1137
  • : Discussions sur le projet de Bibliothèque numérique européenne, sur les bibliothèques numériques en général; sur l'édition scientifique papier & en ligne.
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Avant-propos

Ce blog est créé à la rentrée scolaire 2006 pour suivre les sujets suivants:
# Bibliothèque numérique européenne (BNUE), et bibliothèques numériques en général.
# Edition et revues scientifiques.
Il est étendu en 2023 sur des sujets connexes aux précédents, mais néanmoins liés : patrimoine industriel, géographie industrielle.

 
Alexandre Moatti
 
 

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